Marcel Pérès

La musique de Marcel Pérès prend la forme d’icônes sonores, d’entités vibrantes qui invitent l’auditeur à s’immerger dans l’expérience du flux émotionnel dont les mots ne sont que le signe. L’intention première est de déconnecter l’auditeur du contexte socioculturel, dans lequel l’œuvre de Kaj Munk fut conçue, par une construction musicale qui, tout en s’inscrivant dans une expression archaïque, semble n’appartenir à aucun temps. Au-delà d’une approche historique et technique des musiques du passé, Marcel Pérès nous montre que la première fonction de la musique rituelle est d’ordre métaphysique, l’architecture des sons étant le signe d’une relation entre l’homme et son propre destin. Ici est dépassée la dimension sociale et même culturelle de l’art musical. C’est l’homme profond qui est interpellé face à l’image de son destin surnaturel.

La composition de la musique qui ponctue la représentation d’Ordet, s’inscrit dans une démarche de recherche et de création autour de la Parole dont Marcel Pérès a révélé, les grands axes en présentant au public, en 2008, deux autres de ses compositions : Contemplation sur le livre des morts des anciens Egyptiens et Mysteria Apocalypsis, long cheminement sonore à l’intérieur du livre de l’Apocalypse.

Avec l’ensemble Organum, qu’il a fondé en 1982, Marcel Pérès a réalisé une trentaine de disques consacrés à l’exploration des rituels anciens. Les deux derniers, Incarnatio Verbi, et Missa gotica, publiés chez Zig Zag Territoires, concernent le passage, dans le rituel pontifical aux XIIIe et XIVe siècles, d’une vision de l’homme et du temps héritée de l’Antiquité à celle qui ouvre les horizons du monde moderne.