Synopsis
avec la participation de Gérard Foucher, UP de Dijon
Je songe à de petits tableaux vus au Musée du Luxembourg, des tableaux peints par Arcimboldo représentant les membres d'une famille en habits de cour ' avec des poils sur le visage, et à ce titre objet de curiosité. Un des traits du monstre c'est la difformité physique. Le monstre se distingue alors des êtres humains, ou les rejoint en partie seulement. Cette situation génère de la curiosité, de l'inquiétude le plus souvent ' on songe à la Bête dans le conte de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont porté au cinéma par Cocteau, parfois de la fascination ' on se souvient alors des oeuvres érotiques de Picasso associant le Minotaure et une femme. Ces êtres monstrueux sont généralement relégués aux confins des zones habitées par les humains. On les trouve dans les forêts des contes... Ce monstre n'est-il pas la part sombre de ce que nous sommes ? Quelle place accorder au monstre près de soi, à l'intérieur de soi ?
Dans des récits de voyage autrefois, dans l'univers de la science-fiction aujourd'hui, l'homme peut se trouver au contact de créatures qui n'appartiennent pas au genre humain, dont l'aspect physique est tel que l'on voit en eux des monstres. Une autre question se pose : comment accepter l'autre qui se distingue physiquement de soi ?
Par un renversement de perspective des êtres « monstrueux » que l'on serait tentés de craindre deviennent des alliés, sinon des amis d'êtres humains ; on leur prête des qualités, par exemple à Shrek, ce personnage d'un film d'animation adapté d'un conte de fées. La communication est aisée au-delà des différences physiques. L'être humain oublie qu'il est face à un monstre, il est face à un étranger avec ses propres caractéristiques physiques. Par là on accède, en particulier dans les livres et films pour enfants, à cette idée qui fonde la civilité et la paix entre les êtres, le respect de l'autre.