Synopsis
Qu’est devenue la joie en Iran? Dans une rue dédiée autrefois à la fête et aux spectacles, un théâtre résonne encore d’éclats de rire avant de s’écrouler ou d’être transformé en parking. C’est ici que les couches populaires viennent écouter l’Arlequin de Téhéran improviser sur le sexe et le pouvoir. Le gouvernement décide de fermer leur théâtre. On les retrouve orphelins : “ils nous ont arraché la joie, ils nous ont tout pris.”
Plus encore que sa voix ce sont ses improvisations qui font qu’une bonne partie du public ne vient pas au Théâtre Nasr voir un spectacle mais revoir deux, trois, six fois Saadi Afshar improviser dans les plages nombreuses que lui ménagent des intrigues jamais bien compliquées. Alors que dans la vie sa modestie et sa timidité font la paire, sur scène, roi du plateau, il ose. Comme les bouffons, Saadi interpelle les grands de ce monde, apostrophe Bush, se moque des mollahs récalcitrants, ironise à propos de la pollution de Téhéran, et ramène toute vieille histoire ou toute pièce du répertoire à hauteur du panier de la ménagère iranienne. Une sorte d’Arlequin et de chansonnier flegmatique.
(J-P Thibaudat, Libération, avant la venue du Siah bâzi au Festival d’automne en 1991)