Les drogues aident à supporter l’État françaisAmertumes et crises de foie. Un homme, seul, donne une conférence. Plateau de centre dramatique national, une chaise, un pupitre. Il est auteur, vivant, lâché « dans le circuit ». Écrivain français installé en Allemagne, il revient en France à l’occasion de ce discours public. Il se dit infesté, empoisonné par « l’État français, l’esprit français et les entreprises culturelles du territoire français. » C’est de là qu’il part et de ça qu’il parle : le milieu étriqué des métiers de la pratique théâtrale nationale, boîte suintante d’enjeux mesquins, d’incultures flemmardes, d’inanités crades. L’univers du théâtre décentralisé ou parisien, et avec lui le monde tel qu’il va, uniques objets de son ressentiment.
Ni le directeur du lieu, ni sa secrétaire générale ne sont là pour l’accueillir. Lui se prostitue à l’exercice de la conférence, faute d’être joué, considéré. La brasserie et le hall bétonné, la saucisse de cheval, tous et tout, gens et murs le dégoûtent. Rien ni personne n’échappe à son aigreur. Les critiques, les metteurs en scène, les administrateurs, les éditeurs, le public, ses congénères auteurs et autres « figures théâtrales françaises ». Le conférencier, dénommé Thomas Blanguernon, tire dans le tas, vomit ses rancunes, crache sa hargne.
Diplômé de lettres et de la Femis, auteur d’une quinzaine de pièces, joué outre- Manche et outre-Rhin, Christophe Pellet vit à Berlin. Scénariste et réalisateur, il a reçu en 2009 pour cette attaque frontale le Grand Prix de littérature dramatique. Ancien directeur du TGP de Saint-Denis, audacieux jusqu’à la témérité, Stanislas Nordey orchestre et joue
La Conférence. Metteur en scène radical aux partis pris discutés, responsable d’institution au parcours chahuté, Nordey s’expose dans le monologue de Pellet en monstre de haines pour un monde qu’il habite avec passion.
[+]> A l'issue de la dernière représentation de la Conférence,
Mireille Perrier lit Seul le feu de Christophe Pellet (éditions de l'Arche) : le témoignage d'une amie racontant les derniers instants du protagoniste de
La Conférence.
dimanche 30 janvier à 17h salle Roland Topor
entrée libre - réservation au 01 44 95 58 81
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