avec Jean Alibert, Anna Andreotti, Zabou Breitmann, Isabelle Carré, Jean Charles Chagachbanian, Jacques Descorde, Léa Drucker, Catherine Frot, Lara Suyeux, Carole Thibaut... (sous réserve)

À l’occasion des représentations de sa pièce Cut, l’équipe du spectacle vous propose une lecture des textes d’Emmanuelle Marie, dramaturge talentueuse qui nous a quitté trop tôt.

"J'écris debout. J'écris couchée. Même couchée j'écris. J'écris comme d'autres dissèquent les vivants ou les morts, tout dépend du sujet. Parfois c'est moi-même allongée, dans ma main droite un scalpel tenu haut, et tout à coup j'abats mon bras, je tranche dans le vif mes maux propres : viscères, cervelle... à moi tout ça, à d'autres aussi, existants, inventés, peu importe. Juste il faut les avoir bien accrochées, et pas peur de ses ombres, de ses obscurités.
L'écriture est un vice, un sacerdoce aussi, c'est le sachet plastique qu'on vous donne avant de monter dans le ferry, quitte à se dégueuler dessus, n'en plus pouvoir et de ce qu'on a écrit, s'effarer, faisons donc un voyage, cessons donc d'hésiter !
Je ne fais pas dans le beau, le littéraire m'emmerde, de loin je préfère l'Ellroy de "Ma part d'ombre" à la "madeleine" de Proust. De prés je n'aime pas les faiseurs, les vois venir très vite, les poseurs, les stylés. Préfère les vrais,  les déchirés, ceux qui trichent pas, et ça se lit, se voit aux premiers mots, comme aux premiers regards, l'âme des écorchés.
Je m'asseois sur la postérité, n'y crois pas, et sur la gloire aussi, dérisoire. 
Juste j'écris, n'ai rien à y gagner sinon transmettre à ceux qui un jour peut-être me liront, un peu des pépites que j'aurai, au fond du fond de mes obscurités, ramassées. Et pourvu que ça serve, peut-être, on ne sait jamais..." Emmanuelle Marie