À Kiev, il y a 4984 bunkers. Dans chaque bunker, peuvent tenir 30 corps. La peur infuse. Les sirènes retentissent. Le bunker est un refuge. Les êtres qui sont dans le bunker deviennent des bêtes. Les bunkers forment une sorte de « ville invisible », la ville d’en bas. Dans ces lieux, d’autres règles, d’autres limites règnent. Dans chaque bunker, il y a un maillon faible, quelqu’un qui va craquer. Les vivants côtoient les morts. Au sein du bunker, le temps s’arrête, on attend et on espère ressortir vivant. « Toutes les certitudes s’évaporent, disparaissent ». On ne sait pas combien de temps cela peut durer. Entre deux explosions, le narrateur tente de survivre. Le pire serait de mourir en pensant d’être en vie. Le narrateur est-il mort ? Est-il en vie ? Ce texte en vers libres, basé sur de vrais témoignages, est écrit comme une partition précise et acérée, nous faisant voir la guerre en Ukraine, sous un autre angle. Une pièce brûlante d’actualité.
Extrait du texte :
"Le bunker est toujours une manche de poker / dans laquelle tu joues tout / et si ces murs ne tiennent pas / si ce plafond s’effondre sur nos têtes / voici / donc / les 30 visages / avec lesquels tu seras enterré."