Il y a en chacun de nous un espace secret ; une folie invisible aux autres et très personnelle.
Le corps démembré surgit dans le désordre. Ici une jambe là un bras qui tâtonnent en s’extirpant des tiroirs d’une commode ancienne. C’est Aurélia Thierrée que l’on découvre ainsi par morceaux. Le temps de chausser un escarpin et la femme se reconstitue. Hop, c’est la magie. Il faut dire qu’il y a urgence; le téléphone sonne. Une voix d’homme laisse un message sur le répondeur. Mais pour être franc, les événements se télescopent selon une logique endiablée. Comme dans les contes de fées ou comme dans les rêves, les objets ont leur vie propre et il vaut mieux ne pas les contrarier. Alors si l’on se retrouve en train de s’écouler dans un sablier, ce n’est peut-être pas si grave après tout. Il n’y a qu’à attendre que ça passe. D’ailleurs il serait inutile de vouloir contrôler la situation. Est-ce que ce ne serait pas ces musiques entêtantes ou virevoltantes qui mènent à leur façon toute cette sarabande? Et voilà qu’Aurélia se retrouve traversée par un train! Ce qui vaut quand même mieux que passer dessous… Avec cet Oratorio aussi poétique qu’endiablé, cette circassienne prouve en tout cas qu’elle est la digne fille de ses parents, Victoria et Jean-Baptiste Thierrée.