Au sol, allongée, une jeune fille se tord sous les injonctions d'une instructrice invisible. Elle doit simuler la jouissance, on la bouscule. Est-ce que la caméra tourne?? Le ton est donné. Bad Little Bubble B., spectacle lauréat de la cinquième édition d'Impatience, Festival du théâtre émergent, dérange, décadre les regards. Cinq femmes, corps à nu, mettent à l'épreuve le voyeurisme du spectateur. On navigue à vue entre une initiation à la connaissance du corps et les mots-clés tapés sur les moteurs de recherche, «?teens, cougars, anal?». Théâtre, danse ou performance, Bad Little Bubble B. joue avec les nerfs du public, s'en prend à la crise du sens à l'heure de l'hyperexploitation des désirs.
Auteur, metteur en scène, Laurent Bazin a suivi des études de philosophie puis un master de mise en scène à Paris X. Avec la compagnie Mesden, il organise un heureux chaos, divagations spectaculaires sur le corps marchandé et le sexe manufacturé. Euphorique, pudique et obscène, le spectacle devient à la fois un peep-show, un éloge plastique du genre pornographique et sa critique. C'est aussi un hommage à Jérôme Bosch et à la vitalité créatrice. Sans mode d'emploi, Bad Little Bubble B. saisit les sujets interdits aux mineurs. Les écritures croisées des comédiennes et du metteur en scène, au fil d'improvisations et de matériaux récupérés, provoquent, interrogent, éblouissent. Pierre Notte